prix wepler 2024

la selection

  • Lucie Baratte, Roman de Ronce et d’épine, Éditions du Typhon

  • Louise Bentkowski, Constellucination, Éditions Verdier

  • Louise Chennevière, Pour Britney, Éditions P.O.L

  • Thomas Clerc, Paris, musée du XXIème siècle, Éditions de Minuit

  • Julia Deck, Ann D’Angleterre, Éditions du Seuil

  • Sébastien Dulude, Amiante, Éditions de la Peuplade

  • Laure Gauthier, Mélusine reloaded, Éditions Corti

  • Nina Léger, Mémoires sauvées de l’eau, Éditions Gallimard

  • Célestin de Meeûs, Mythologie du.12, Éditions du sous-sol

  • Mariette Navarro, Palais de verre, Éditions Quidam

  • Bérénice Pichat, La petite bonne, Éditions Les Avrils

  • Eliot Ruffel, Après ça, Éditions de L’Olivier

le jury

  • Oriane Delacroix, programmatrice aux Midis de Culture, (France Culture)

  • Théodore Dillerin, libraire (Le comptoir des mots)

  • Marie Dupont, lectrice (actuellement détenue au centre pénitentiaire de Rennes)

  • Philippe Ginésy, libraire (librairie des Abbesses)

  • Mélanie Giustino, libraire (la Mouette rieuse)

  • Fabien Jannelle, lecteur

  • Quentin Lafay, producteur des Questions du soir (France Culture)

  • Sébastien Omont, membre du comité de rédaction d’En attendant Nadeau et de La Femelle et le Requin

  • Sylvie Réal, lectrice

  • Christine Vilca, lectrice (La Poste)

  • Marie-Rose Guarniéri, fondatrice du Prix Wepler-Fondation La Poste

  • Élisabeth Sanchez, secrétaire générale du Prix Wepler-Fondation La Poste

LE Lauréat

Thomas Clerc, Paris, musée du XXIe siècle. Le dix-huitième arrondissement

Editions de Minuit

La mention spéciale

Célestin de Meeûs, Mythologie du .12

Editions du Sous-Sol

Les Discours

LE Lauréat

Thomas Clerc, Paris, musée du XXIe siècle. Le dix-huitième arrondissement

Editions de Minuit

Remerciements informels : mesdames et messieurs les membres du jury, , les différentes librairies qui m'ont soutenu, Olivier Michel de L'humeur vagabonde, Lucie Eplé du Pied à terre, Géraldine de la Librairie de la place clichy, et la librairie Gibert de Barbès, avec mention spéciale pour Marie-Rose Guarnieri et sa belle librairie des Abbesses, je remercie également les nombreux journalistes et les divers membres des différents jurys qui ont soutenu mon livre

             Comment ne pas remercier évidemment mon éditeur TS et toute l'équipe des Editions de Minuit qui ont travaillé pour faire sortir cette fleur du pavé ?  

 

 

            Mesdames et Messieurs les membres du jury,

 

            C'est un grand plaisir et un bel honneur que vous me faites en couronnant mon livre Paris, musée du XXIe siècle, le 18e arrondissement, paru depuis cette rentrée aux Editions de Minuit. J'en suis extrêmement touché. Certains pourraient en conclure un peu rapidement qu'il s'agit d'une récompense régionale. Eh bien non ! Certes il s'agit bien, comme indiqué sur la 4e de couverture, d'une description intégrale des 425 rues de ce quartier bien connu de Paris, mais comme je n'ai mis que trois ans à l'écrire je me suis dit que j'avais dû, dans ma hâte, oublier pas mal de choses : et en effet, je m'aperçois avec consternation que j'ai oublié de mentionner :

 ma visite à l'Arena de la Porte de La Chapelle pendant les jeux olympiques de badminton, le graffiti "Hourra ! vive l'argent !" déposé sur le CIC de la rue Ordener, j'ai oublié le pied-à-terre de Georges Bataille 74 rue Vauvenargues, j'ai oublié la "pâtisserie/confisserie" (sic) de la rue de Suez, j'ai oublié le chien Guinness du gérant de la Vieille pie, j'ai oublié de décrire le barbier égyptien qui dessine dans la mousse à raser des signes cabalistiques sur mes joues en feu pendant qu'il me rase, j'ai oublié le lupanar de fortune qui a poussé récemment pour soulager les pauvres bougres de la place Torcy, j'ai oublié l'inscription du nom de mon psychanalyste dans la pierre du 17 rue Marcadet, la camionnette des chiffonniers bulgares, les joueurs de Loto qui déchirent consciencieusement leur tickets à côté du Pactole, j'ai oublié que la poissonnerie de la rue Duhesme vend le kilo de lotte au prix record de 68 euros, j'ai oublié les conducteurs des bus 35, 38, 40, 60, l'appartement de Nicole Notat, mon intronisation dimanche dernier à la République de Montmartre, et la chanson d'Yvette Guilbert "cligne en haut ! cligne en bas ! cligne en court !" — et bien d'autres choses encore, mais qu'à cela ne tienne (an men, comme disait un cabaretier de l'esprit de Montmartre), je ne ferai aucune retouche ! Il y a déjà bien assez de pages dans mon livre, exactement 615.

            En outre, depuis sa parution, quelques rues sont écloses comme ça sans me prévenir…

            Malgré ces omissions et ces erreurs (que certains esprits pointillistes prennent un malin plaisir parfois à me signaler), vous avez tenu mesdames et messieurs les membres du jury, à récompenser mon 18e — et je vous en remercie encore.

            Je suis particulièrement heureux de recevoir et de fêter ici mon prix dans cette magnifique brasserie Wepler, la plus belle de Paris et je le dis sans flatterie car je le pense.

            Je le pense parce que c'est dans cette brasserie que dans une vie antérieure nous avons fêté le mariage de mon ami Bruno Gibert, habitant du 18e, auquel j'ai dédié mon livre. Je le pense parce que j'ai une ascendance de cafetier/hôtelier/restaurateur  qui a été un élément sensible du décor de mon enfance : mon père Maurice Clerc, qui vécut rue Ramey, fut directeur financier du Club Méditerranée, et mon frère Thierry dirigea la Claire fontaine à La Garde-Freinet, dans le Var, là même où Patrick Modiano écrivit le début de La Place de l'étoile en 68. Nous ne sommes pas Place de l'étoile mais place de Clichy au Wepler 522.53.24 ou 522.53. 28 (pour ceux qui croient que j'invente, j'ai la preuve en mains : l'annuaire officiel des abonnés au téléphone 19 cent soixante-dix-huit évidemment)

            Je le pense, enfin, parce que dans une première version du livre, j'entamais mon odyssée par l'Ouest de l'arrondissement et me déplaçant vers l'Est, je commençai par la Place Clichy et son Wepler en parodiant le début du Voyage au bout de la nuit "ça a débuté comme ça". Puis sur les avisés conseils de mon cher éditeur, que je salue ici, Thomas Simonnet, j'ai inversé l'ordre des quartiers, commençant par le mien, La Chapelle, et terminant par celui-ci, les grandes Carrières, ce qui fait que la fin du livre devient le début de soirée.

            J'espère, plus sérieusement, avoir un peu dépassé le seul échelon local avec ce 18e qui n'est pas plus le mien que le vôtre, et curieusement, je n'ai jamais eu cette crainte car je savais que le 18e contient tous les autres arrondissements, contient toutes les autres villes, et toutes les autres capitales du monde, bref réunit même celles et ceux qui n'ont jamais ni gravi la Butte ni franchi les portes du Wepler.

            Comme vous le savez, nous sommes à deux pas de l'ex Gaumont-Palace, où mon grand-père René m'emmena à plusieurs reprises dans les années 70, avant sa démolition scandaleuse. Pour aller au cinéma, nous allions à pied de la rue Ramey à la place Clichy; bien sûr nous n'allâmes jamais ensemble au Wepler interdit aux enfants, car sa dominicale mission consistait à me divertir : je me souviens de trois films que nous vîmes ensemble au Gaumont-Palace : Un violon sur le toit (une comédie musicale), les 10 commandements, et, comme je mentionne à la page 590 du livre que je ne me souviens plus du troisième film que nous regardâmes ensemble, je m'en souviens à présent : il s'agissait de la pitoyable comédie troupière de Robert Lamoureux Mais où est donc passée//la 7e compagnie? — n'oublions que nous sommes le 11 novembre. Bien pénible dut sembler à mon grand-père cette grosse farce militaire, lui qui avait fait la guerre de 14 comme prisonnier dans des conditions terribles.  C'est à lui que je pense ce soir et c'est lui, d'ailleurs, qui clôt mon livre, dont la mélancolie se cache en embuscade, je crois, derrière le rythme, comme un alexandrin se cache dans le titre de la comédie précitée, si vous avez l'oreille…

            Mais puisque les noces du plaisir et de la littérature ne sont plus à démontrer, et que je ne tiens pas à garder la parole plus longtemps, je cèderai la parole à Francis Carco, l'auteur bien connu de Jésus la Caille : "quand je n'aurai plus rien à dire, je prendrai une boîte à Montmartre !"

            Encore merci à toutes et à tous

            Vive le 18e !

            Vive le prix Wepler

            Vive la littérature !

                                                                                              

La mention spéciale

Célestin de Meeûs, Mythologie du .12

Editions du Sous-Sol

Être parmi vous ce soir, recevoir un prix a toujours quelque chose de déroutant, voire de bizarre ou de morbide puisque le texte primé est devenu une sorte de fantôme le jour où épuisé l'on y a mis un point final, comme si, pour un moment, nous avions fait le deuil de quelque chose, ou plutôt comme si nous avions cru (avec ce point final exténué) avoir enfin réglé nos comptes avec une obsession, un rythme, une musique ou un démon. 

Mais les fantômes existent et les fantômes - comme l'écriture - se nourrissent de sueur, d'acharnement, et ont cet avantage de nous apprendre à vivre puisque, d'une manière ou bien d'une autre, comme c'est le cas ce soir, pour le jury du prix Wepler comme pour moi-même, nous continuons à les défendre, à leur donner une chance de nous hanter. 

 

Aussi, nul d'entre nous ne serait là ce soir sans les immenses lectures qui nous ont faits.

Il y a dix ans exactement j'ai cru ou j'ai compris que l'écriture, et plus particulièrement la poésie, était ce qui me permettrait de vivre le plus radicalement. Tout cela, je le dois à de nombreux écrivains (que jusque-là je croyais morts ou relégués à un lointain passé), parmi lesquels Fedor Dostoïevski, Roberto Bolaño, Joseph Brodsky, Tom Nisse, Inger Christensen, Laszlo Krasznahorkai, Svetlana Alexievitch, Imre Kertesz, William Faulkner, Louis Paul Boon, etc. 

 

Mais je dois également ma présence ici ce soir à toute l'équipe des éditions du Sous-sol, que je remercie profondément pour leur confiance et l'excellent travail qu’ils et elles fournissent, déploient. Merci à Adrien, donc, à Géraldine, Philippe, Tiffanie, Julie, Virginie, Frédéric et Stéphanie. 

 

Merci enfin à tous les membres du jury pour cette mention spéciale et les fantômes qu'ils réussissent à maintenir en vie.

 

Bonne soirée à toutes et à tous. 

 

Marie-Rose guarnieri

FONDATRICE DU PRIX WEPLER FONDATION LA POSTE

L’aventure du Wepler n’aurait jamais vu le jour sans l’exceptionnel  équipage  de la brasserie Wepler représenté par Christophe Joullie et Philippe Deana,  et sans la Fondation la Poste admirablement incarnée ce soir par son président,  Monsieur Philippe Walh, ainsi que par Anne-Marie Jean, Maryline Girodias et Nathalie Jungerman.    Je leur exprime mon éternelle gratitude pour cet engagement  indéfectible.                   

         Ces  deux partenaires nous permettent, depuis 27 ans, de créer  chaque automne une terre d’asile accueillant une constellation de plus de 54 écrivains primés ! Nous perpétuons ainsi ensemble   l’esprit de Montmartre,  ce grand  refuge  historique des  écrivains « immondains ».

         A nos côtés,  également,   les deux  lycées professionnels hôteliers  Albert

de Mun et  le Rebourg,   dont les professeurs  sont ardemment  déterminés à accroître la curiosité  de leurs élèves  envers la lecture. Mais aussi l’agence de presse LA BANDE en la personne d’Arnaud Labory et du  si charmant Vincent Pierre Brat. Et je n’oublie pas  mes indéfectibles   complices de chaque instant, l’endurante    Elisabeth Sanchez,  Florence Robert, Editrice  et mes deux  librairissimes Olivia Goudard et Philippe Ginesy, que je remercie beaucoup  de leur  précieuse présence. 

         Je remercie infiniment notre  jury Wepler 2024  pour sa sagacité et sa volonté  de redonner une chance à une littérature neuve. Merci pour sa fougue généreuse  à détecter l’ingéniosité de chaque livre  dans cette rentrée littéraire,  ce mot qui ne  leur  fait  pas peur !

         Tous,  nous sommes  donc heureux, ce soir,   de vous recevoir  afin de fêter  avec vous   nos douze écrivains sélectionnés.  

         Notre jury a eu le sentiment que  leurs livres,   chacun à leur façon,  ont fait bouger les lignes de nos conformismes de lecture et ont su  proposer  dans cette rentrée littéraire un regard oblique sur le monde,  ce qu’on appelle le style.

         Hélas,  l’exercice d’un jury est d’en couronner  seulement deux, mais sachez que pour nous, les dix autres  ne sont pas des perdants.   Nous continuerons à les  défendre partout où nous irons,  dans nos librairies entres autres,   là où la littérature n’est pas une marchandise frappée d’obsolescence… 

         Consacrons tous ensemble les deux lauréats du prix Wepler Fondation la Poste 2024  et gageons que nous aurons contribué  à leur émergence, à leur inscription dans l’histoire littéraire une flûte de champagne à la main et une coquille d’huître dans

l’autre !

Thomas Clerc

LA PRESSE EN PARLE

La Sélection en images